Hasard malheureux de la journée, on voulait être à l’heure pour goûter au folk blues de SHE KEEP BEES, mais l’horaire de programmation et un retard auront raison de nos bonnes intentions. Lorsque l’on arrive, on est en plein dans le second break de la soirée, le temps de saisir une petite bière et faire surface devant la scène pour découvrir les invités de BRNS, les stars de la soirée à qui le Winter Camp Festival avait délivré Carte Blanche.
Malgré le raté du début, on profite quand même de Peter Kernel, fruit d’une histoire entre la Suisse et le Canada aux sonorités brutes et art rock. Si leur morceaux tirent vers le punk, la déconstruction des mélodies tout en affichant une rage de jouer et de chanter (crier ?), on avait pourtant pas autant rit lors d’un concert depuis longtemps. C’est que le petit couple formé par Aris Bassetti et Barbara Lehnhoff est tordant sur scène ! Introduisant chacun de leurs titres dans un français approximatif mais très touchant, ils font preuve d’une légèreté et d’une drôlerie extrême, déconnant sur leurs ratés, ou plaisantant d’anecdotes de voyage. Mais ça ne les empêchera pas de nous intriguer fortement avec leur volonté punk mêlée d’expérimental.
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On les avais aperçu quitter le public un peu avant la fin du set précédent, d’ou ils suivaient attentivement leurs invités, les revoilà sur scène, les 4 belges de BRNS installent tranquillement leurs instruments avant de se lancer pour de bon. En début d’année, au Point Éphémère, on avait pu découvrir leur nouvel album « Patine » sans le connaître encore. Aujourd’hui, on a les mélodies en tête, et on attend avec impatience de les retrouver.
Le concert démarre dans la pénombre sur les notes étirées de « Voïd », soit l’intro de presque tous leurs concerts récents. S’il est moins énergique que beaucoup de titres, ce morceau reste très représentatif du groupe à l’image de sa montée progressive en tension, son ambiance sombre et ses bricolages sonores faits de rythmiques entraînantes, de cordes tirées, de claviers célestes et de voix en chœur entre chant et cri. Très vite, le groupe mêle les morceaux de l’EP Wounded (les superbes Here Dead He Lies ou Deathbed), tout en continuant l’exploration du petit dernier. La guitare de Diego part en vrille au moindre virage sur « Inner Hell », le single « My Head is into You » mélange douceur et colère avec un timing parfait, « Slow Heart » se présente comme une descente bouillante dont les chœurs nous emmènent haut. Au milieu du set, « Mexico » se charge de nous rappeler que les belges savent aussi bien jouer du tube tout en gardant leur côté cérébral. Le public semblait déjà ravi, il est maintenant comblé.
« Behind the Walls » enfonce le clou. On y retrouve le génie du quatuor à jouer en totale harmonie : la frappe de bucheron et le chant vital de Tim, les percus libres de César, la maîtrise des nappes d’Antoine entre basse et clavier et les cordes folles de Diego. Sur « Any Houses », on retrouve leur habituelle dualité entre fougue et apaisement pour un résultat des plus libérateur. On avait plus entendu la géniale montée en puissance de « Clairvoyant » sur scène depuis un moment, les garçons l’avaient gardée pour la fin cette fois, histoire de nous achever un peu plus.
Ils quittent la scène rapidement avant de ressurgir pour nous offrir un « Our Light » de pure beauté, climax élégiaque d’un des plus beau groupe du moment.
C’est que ça commence à devenir compliqué de trouver des choses à redire sur BRNS, pas qu’on voudrait leur trouver absolument des défauts… Mais les garçons sont d’une simplicité et d’une bonté désarmante, n’hésitent pas à plaisanter avec le public, et s’affranchissent avec génie du rock et de la pop avec des compositions qui vont au delà des formats classiques… Il ne vous reste plus qu’à y plonger tête baissée !
Remerciements au Winter Camp Festival
Photos : © Bastien Amelot pour STBC