Premier véritable concert pour TOBIAS JESSO Jr ce mardi à la Gaîté Lyrique, pour un premier album délicat dont la pop savoureuse nous a déjà conquis.
Nous nous attendions à être remués par l’émotion de sa voix étrangement similaire à celle de John Lennon associée à des paroles profondes, cela a bien été le cas, mais Tobias nous a également surpris par son incroyable talent de stand-uper. L’humour, remède au trac ?
21h15, Tobias arrive nonchalamment sur scène un verre de vin rouge à la main. Ce grand bonhomme perdu dans son sweat-shirt difforme aux manches retroussées semble parachuté sur cette scène.
Nous l’attendions au piano, mais c’est vers la guitare abandonnée par Flo Morrissey, qui assurait sa première partie (et nous a d’ailleurs touchée par sa reprise de Nouvelle Vague « In A Manner Of Speaking »), qu’il se dirige. Il démarre timidement avec « Wait ». Cette configuration face au public, ne le met pas vraiment à l’aise, et crée alors, pour détendre l’atmosphère, une certaine complicité avec le public en ironisant sur cette situation « seul sur cette grande scène face à ses centaines de pairs d’yeux qui me scrutent, et je ne peux même pas me cacher » ». Il retourne rapidement vers son piano, un large sourire aux lèvres accroché à son visage juvénile. Il enchaîne avec « Can We Still Be Friends », puis « True Love », qui ne figure pas sur l’album « Goon ».
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Le jeune Canadien s’interrompt volontiers pour nous raconter la petite histoire de cet album, et notamment de sa production prolifique de pas moins de 44 titres. Mais malheureusement se sont les producteurs qui ont été les décideurs de la liste finale des 12 titres qui composent « Goon ».
Cet auteur-compositeur de talent joue habilement, sans forcément s’en rendre compte, entre sensibilité et humour. Il continue d’enchaîner les titres comme s’il n’avait pas prévu de set liste et ponctue sa prestation de « voyons ce que j’ai en magasin », mais ceci sans entraver la qualité de l’interprétation de ses créations aériennes.
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Même sur le délicieux « Hollywood », sur lequel il arrive à faire passer toutes les émotions, il nous étonne encore en bruitant la trompette à la bouche, désarçonnant mais tordant. Comme pour alléger les tensions contenu dans ce morceau Il enchaîne à nouveau avec d’autres anecdotes toutes aussi rocambolesques à propos de la vidéo de « Without You » qu’il s’apprête à interpréter, en nous expliquant que « le type qui figure dans le clip est le nouveau mec de mon ex. J’étais au mariage, vous imaginez l’ambiance ! » éclat de rire général. Nous saurons vraiment tout des dessous de cet album. Avant de clôturer ce concert, Il improvise pour notre plus grand bonheur un touchant « Georgia On My Mind ». Inattendu.
Prévenant enfin le public qu’il n’est pas fan des rappels, qu’il n’en fait jamais et ne comprends pas le principe de laisser des centaines de personnes applaudir une scène vide dans le noir pendant plusieurs minutes. La foule faisant fi de ces propos précédent, réclame un retour. Il revient alors nous livrer un (autre) titre inédit, particulièrement intime puisqu’il s’agit d’une chanson sur sa mère (et son cancer), où finalement il parle plus de lui. L’audience toute entière est hypnotisée.
De l’émotivité à la légèreté, nous avons ainsi oscillé tout au long du concert, sans jamais nous ennuyer ni perturber de manière négative ce moment. Tobias semble déjà tout maîtriser et avoir conquis son public.
Ce type d’approche saura-t-il survivre lors de prestations de plus grande ampleur ? L’avenir nous le dira. Tobias rôde encore sa performance. En attendant de le revoir bientôt sur une scène parisienne, nous vous invitons à découvrir son premier album « Goon » sorti en mars dernier. Tobias Jesso Jr est un artiste résolument doué.
Textes et photos © Clarisse Gouello
Remerciements à Beggars France