Retour sur le domaine de St-Cloud pour la seconde journée du marathon Rock En Seine. Le public s’est déjà massé devant la grande scène, sous un soleil de plomb qui nous fait perdre des litres avant même le début des hostilités…
Tant pis, les anglais de THE MACCABEES investissent la scène pour nous faire oublier la chaleur (en fait non…). Car le rock du quintet (accompagnés d’une pianiste pour l’occas) est souvent empli d’un spleen touchant. Portés par la voix sensible d’Orlando Weeks et les très bons titres du nouvel album (le punch de « Marks it to Prove it« , la tristesse nerveuse de « Spit it » out ou la montée délicate de « Kamakura« ), le public manifeste son plaisir, et le groupe prend confiance au fur et à mesure. En témoigne la fin de concert bardée de tubes qui se fini presque trop tôt… On en aurait bien repris une petite dose, mais on se console en se disant qu’on aura moins chaud lors de leur date en salle au mois de janvier.
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Après le coup de chauffe sous le cagnard, direction la scène de la Cascade devant BALTHAZAR, ou plutôt à côté, à l’ombre, assis dans l’herbe là où on peut souffler un peu. La pop nonchalante des belges est du plus bel effet dans le courant de l’aprèm, portant en elle un détachement bienvenu. Le groupe a très chaud sur scène et le fait savoir, ce qui ne les empêche pas de fournir une prestation à la hauteur de leur talent. On remue pas mal de la tête, on fredonne leurs titres aux mélodies imparables. Une chose est sûre, la Belgique est devenue après l’Angleterre le meilleur fournisseur de talent rock n’roll européen, et on a pas envie que cela s’arrête.
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On s’arrête ensuite devant DBFC quatuor français faisant face au soleil de plomb qui inonde la scène de l’Industrie. Jolie surprise electro-rock, la chemise hawaïenne illustrant à merveille le fun pris tant par le groupe que par son public en égrenant l’acronyme du groupe au rythme de leur titre éponyme. Une belle leçon de bonne humeur, sur notre chemin entre les belges et les californiens.
Pendant ce temps, BEN HOWARD a les honneurs de la grande scène. Malheureusement le songwriter anglais se concentre essentiellement sur les titres de son deuxième album et rend une copie assez fade, peu adaptée à un festival de plein air. Passons à la suite ….
Nous nous positionnons donc pour MINI MANSIONS, l’un des sets les plus attendus de ce festival par votre serviteur. A ma gauche, Tyler Parkford au clavier est d’une classe impeccable, au même titre que l’ex-bassiste des QOTSA Michael Shuman, ici au centre en costard blanc immaculé, ne décrochant guère de sourire debout derrière sa batterie ; ils sont bien concentrés et manifestement pas là pour minauder. Zach Dawes, semblant taillé dans la tapisserie hibiscus rose de ma grand-mère, se tortille quant à lui d’un bout à l’autre de la scène et envoie la dose depuis sa basse Fender Coronado. Les Angelenos déverseront la quasi intégralité de leur dernier LP “The Great Pretenders”, la foule en masse en redemandant, et sautillant au climax de « Death is a Girl ». Les moins avertis découvriront d’ailleurs l’excellente reprise de Blondie « Heart of Stone », ici interprétée tout en langueur.
Voilà à nouveau un groupe dont on avait croisé le chemin il y a peu et dont on ne se lasse pas. Figure de proue de GLASS ANIMALS, le jeune Dave Bailey attire de suite les regards, assurant le spectacle à lui seul en dansant tout du long. On se demanderait presque où il trouve l’énergie de chanter en gesticulant autant ! Car chez ces anglais, tout est affaire de groove et de sensualité. Portés par ce flow hip-hop et ces sonorités expérimentales épurées, les titres de leur premier album ont toujours cette efficacité redoutable à nous faire danser. Alors tout le public ondule sur les notes sensuelles de « Black Mambo« , la fièvre de « Walla Walla » ou l’éclatante joie de « Pools« . Une fête bien méritée pour un groupe dont le talent ne se dément pas.
Déjà croisés en début d’année à l’Olympia pour défendre leur dernier album, INTERPOL avait livré un concert sans grand éclat mais au déroulement parfait. Et il en sera à peu près de même au parc de Saint-Cloud. On l’a déjà dit, les new-yorkais dégagent une classe folle avec leurs ambiances sombres et épiques, ces mélodies imparables, des titres finalement bien plus intimes qu’ils ne le laissent paraître au premier abord. Mais on a pourtant l’impression que le rock d’Interpol a bien plus sa place en salle qu’en plein air. Car si on est toujours amoureux de la voix de Paul Banks et de cette sombre élégance, le concert se veut malgré tout un peu étouffant, se confondant finalement un peu dans sa longueur. Ce qui, cela dit, ne nous empêchera jamais d’y replonger.
Le voilà donc ce concert tant attendu de THE LIBERTINES. La foule est compacte et on sent bien la ferveur qui entoure l’événement …. Une grosse heure trente plus tard, c’est sur un sentiment partagé (le notre) que le concert se termine. Partagé entre le plaisir de voir les deux canailles se retrouver et balancer sans concession des chansons devenues hymnes générationnels et d’un autre côté, on se dit que Pete Doherty et Carl Barât n’ont depuis longtemps plus besoin l’un de l’autre pour proposer des projets excitants. Sentiment également partagé sur ce que le groupe dégage en 2015, les deux leaders se baladant entre humeurs festives et désinvoltes, plaisirs avoués et moments d’agacements. Au final tout cela n’a pas beaucoup d’importance, il s’agit juste des LIBERTINES, de rock n’roll et c’est déjà bien comme ça.
Textes Bastien Amelot, erisxnyx et M.A pour STBC
Photos © Bastien Amelot © erisxnyx et © STBC