Pendant que le Mama Festival bat son plein dans le 18éme arrondissement de la capitale, on s’est décidé à faire une petite incartade au programme. Car a priori, retrouver le girl band LA LUZ le temps d’une soirée au Batofar est plutôt synonyme de chaleur et de bonne ambiance, quitte à traverser la ville jusqu’aux quais du 13éme, bravant le froid automnal qui commence déjà à nous courber l’échine.
En arrivant dans la soute du bateau, nous sommes assez vite séduits par le rock de THEE MAXIMATORS, duo grunge psyché dont le chanteur Arsène Welkin, sosie de Vincent Lacoste sous caféine, mène plutôt bien son jeu. Les cordes saturées crachent pas mal et la voix lascive s’accorde parfaitement avec la déstructure des morceaux. La fraîcheur extérieure est déjà de l’histoire ancienne.
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Une courte pause et les filles de LA LUZ se glissent par là pour accorder leurs instrus, encore emmitouflées dans leurs moumoutes. En montant sur scène, on les sent d’ailleurs un peu fébriles, à l’image de la chanteuse Shana Cleveland dont les premiers mots derrière le micro trahissent la timidité.
Mais peu importe, l’atmosphère va vite se débrider. Si l’instrumentale « Oranges » fait office d’entrée en matière, c’est sur le titre « Big Big Blood » que débute vraiment le concert, nous mettant face à ce que les filles font le mieux : du surf rock rétro dont la légèreté rêveuse révèle bien vite un intelligent travail musical aux recoins aventureux.
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Les titres de LA LUZ sont très courts, n’excédant que rarement les 3 minutes, ce qui permet aussi au concert de ne pas s’enfermer dans ses effets. Les filles se détendent finalement assez vite après quelques morceaux et le public répond présent. La déconne est de mise à chaque pause, Shana confessant qu’elle a toujours voulu apprendre le français mais qu’en guise de vocabulaire, elle ne maîtrise que la phrase « J’aime les hamburgers », une blague qui reviendra se loger à plusieurs reprises dans les échanges public/groupe.
Et puis mine de rien, le concert est lancé, l’énergie nous prend tous aux tripes, tant les filles semblent s’amuser, que ce soit en se plantant sur un accord de guitare, en improvisant des pas de danse issus des yéyés ou carrément en demandant à la foule de former une allée centrale pour se lancer dans des solos de danse façon Soul Train (voir vidéo).
Lors d’un instant plus calme sur le titre « Easy Baby« , on entend l’auditoire susurrer les paroles de Creep de Radiohead dont la similitude rythmique est indéniable. Ce qui nous vaudra à tous quelques éclats de rire puisque Shana proposera un mashup de Radiohead et TLC…
Et puis les compos les plus enlevées donnent un air de joyeuse soirée doo-wop californienne et psychédélique : « I Wanna be Alone« , « Black Hole…« , « You Dissapear« , « Hay Papi« , « Pink Slime« , on en passe… sont autant d’arguments pour qui a envie de passer un moment ensoleillé avec ces girls maniant la pédale fuzz et les choeurs avec brio. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de retrouver le compère Ty Segall (encore lui !) à la production du disque.
Et l’on ressort ainsi de l’embarcation avec un plaisir confortable, une légèreté bienvenue, une cure de vitamine C qui nous refile l’énergie pour affronter le climat rude du moment. Un petit moment de soleil on vous avait dit !
Texte et photos © Bastien Amelot pour STBC
Remerciements au Batofar