Cela faisait donc plus de sept ans que l’on était resté sans nouvelles de BLACK HEART PROCESSION, splendide et discret groupe de San Diego formée autour du noyau Pall Jenkins et Tobias Nathaniel. Un groupe qui dans les années 90 aura bercé notre spleen de jeunesse, en sillonnant des terres sombres sans doute voisines de celles d’un Nick Cave ou d’un Tom Waits. L’annonce surprise de leur tournée européenne ravivait ainsi quelques souvenirs, c’est donc avec une joie mêlée de frissons que l’on gagnait Petit Bain en ce dimanche soir.
Vers 20h30, c’est le curieux SAM COOMES qui s’assied derrière son clavier, musicien vétéran de la scène indie américaine ayant croisé la route d’Elliott Smith ou de Sleater-Kinney. On ne gardera malheureusement pas sa performance en mémoire. Si l’on sent bien une sincérité dans la démarche, son mélange de boite à rythme et de clavier réglé sur le mode orgue, attire au mieux la curiosité, au pire l’ennui au bout de quelques titres…
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Vers 21h30, les quatre musiciens de BLACK HEART PROCESSION prennent enfin possession de la scène et entament dans la plus pure intimité leur titre phare « The Waiter », réinterprété dans presque chaque album. Jenkins fait délicatement onduler sa scie et pose sa voix unique sur cette complainte mélancolique de fin du monde. La poignante et dépouillée « The Old King of Summer » prend le relais alors que Tobias Nathaniel délivre enfin la tension sur l’éclatante « Release my Heart ». A ce stade, les connaisseurs auront compris que le but de cette tournée est de rejouer en intégralité leur premier album « 1 » sorti en 1998. Il ne faudra donc pas espérer retrouver toute la richesse de la discographie du groupe sur scène ce soir, mais plutôt apprécier leurs débuts poseurs mais déjà somptueux. En se laissant emporter doucement par la langueur des complaintes aussi tristes que majestueuses, on retient particulièrement les impeccables ballades que sont « Blue Water – Black Heart » et « Square Heart » ou la déchirante « Stitched to my Heart ».
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Après une heure de set, le groupe s’éclipse sous des applaudissements nourris avant de revenir rapidement. Pall Jenkins lâche quelques mots sur la tournée et ses inquiétudes de voir un mur construit sur la frontière mexicaine, là il jouait quand il était gamin. L’occasion de nous faire profiter de l’inédite et superbe « Borders », composée en réaction. Tant pis alors s’il nous manquait une partie de l’univers de BLACK HEART PROCESSION ce soir, puisqu’on a passé une soirée impeccable, bercé par ces ambiances blues-pop intimistes à la fois crépusculaires et sublimes.
Texte et photos © Bastien Amelot pour STBC
Remerciements à Petit Bain