A quelques jours du THIS IS NOT A LOVE SONG festival (TINALS), Fred Jumel, un des deux hommes derrière la programmation, a répondu à nos questions. L’occasion de faire le point sur cet événement majeur de la musique rock indé en France, devenu un rendez-vous incontournable pour la team STBC.
– Comment se porte le festival cette année après une si belle édition en 2016 ?
Plutôt bien, on a toujours plein de projets comme au début, le festival grandit tranquillement avec une 5eme scène, globalement on est moins dans Paloma et plus à l’extérieur. Et puis la programmation est encore plus dense cette année.
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– Tu peux nous résumer brièvement ton background dans le métier. Est-ce que ton expérience de gestion de Paloma a porté ses fruits pour fabriquer ce festival ?
Paloma c’est ma 3ème salle puisque je suis déjà passé par L’Antipode à Rennes et la Vapeur à Dijon. Niveau festivals, j’ai pris part aux Transmusicales une année, et puis surtout j’ai fait partie des créateurs du festival Génériq dans tout l’Est de la France.
Après, disons que This Is Not A Love Song c’est aussi une sorte de respiration, d’aération par rapport à ce qu’on fait toute l’année à Paloma avec Christian Allex, co-directeur artistique qui travaille avec moi en indé. Le festival est né en partie parce qu’on était un peu frustrés de ne pouvoir programmer en cours de saison et de façon isolée des groupes dont la notoriété est trop faible : les concentrer sur un événement aux côtés de valeurs sûres en revanche, c’est possible et ça marche très bien. Par ailleurs, même si Paloma est vraiment un très chouette lieu et un bâtiment superbe (on ne va pas se plaindre), ça reste des murs qu’on ne peut pas pousser, des contraintes quoi. En sortant dehors pour le TINALS, ça change, on peut s’amuser et se lâcher un peu, sur la déco entre autres.
– A quelques jours du début, vous en êtes ou dans l’organisation ? Grandaddy a dû malheureusement annuler après avoir perdu un de ses membres…
Oui c’est triste… Et on en est toujours à débattre sur le remplacement de Grandaddy… enfin remplacement non, ils sont irremplaçables, et il ne s’agit pas non plus de « boucher un trou » dans la programmation, mais enfin bon, on a une place libre et si les envies au départ ne manquent pas, on s’interroge sur ce qui aurait le plus se sens : faut-il forcément mettre un groupe à la place (quand on a déjà plus de 50 noms à l’affiche), trouver des artistes comparables par le statut ou par le style, ou au contraire qui n’ont rien à voir. Bref. A suivre, enfin très vite j’espère !
Sinon là, on en est à construire le décor, le mobilier, mettre en place toutes les scènes, déplacer tout dans Paloma pour mettre notre lieu en mode TINALS. C’est pas mal de boulot mais on commence à avoir l’habitude, donc ça se passe plutôt bien. Tout le monde met la main à la pâte, et puis le montage c’est sympa, il y a une excitation à voir tout se mettre en place jusqu’au jour J. Alors qu’au démontage bien entendu il peut y avoir un petit coup de blues !
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– Tu peux nous parler des intentions derrière l’ajout de la nouvelle scène Paloma extérieure
La scène Bamboo oui. Dans Paloma on a la Grande Salle qui fait environ 1350 places, et le Club prévu pour 372 personnes, pas une de plus… et c’est bien là le souci : les années précédentes il y avait toujours des moments de frustration pour le public qui ne pouvait pas y entrer. Donc on a créé la scène Bamboo, dehors donc, qui complète la grande scène extérieure Flamingo, et la Mosquito qui avait été très appréciée l’an dernier. On a aussi depuis peu une petite scène dans le Patio de Paloma : on avait envie de proposer aussi du live dans ce lieu convivial, à l’année et pas seulement durant le festival. Des groupes viendront s’y produire en formule réduite en plus de leurs sets sur les grosses scènes, c’est là aussi qu’il y aura des concerts jeune public… Quant au Club puisque cela nous laissait un bel espace intérieur, on a décidé de le transformer en « Love Room » avec des DJs, des ateliers assez rigolos comme celui où Didier Wampas viendra nous apprendre à écrire une chanson d’amour, bref, de quoi ne pas se prendre trop au sérieux.
– C’est important de garder un aspect taille humaine dans ce festival ou voir plus grand ne te fait pas peur ?
Oui c’est un élément apprécié du festival mais à vrai dire chaque année on se dit qu’on a atteint la bonne taille, qu’il faut arrêter de grandir et puis… hop on se laisse embarquer par une envie, un coup de cœur, un coup de tête, et on rajoute une pièce au puzzle. Bon, ceci dit, c’est un peu comme ça que le festival est né, sur un coup de tête : c’est dans l’ADN de This Is Not A Love Song, on n’a pas forcément de plan à l’avance mais on se met à rêver d’un truc et si ça nous plait, on fonce et on se lance !
Fred Jumel et Christian Allex, les deux programmateurs du TINALS
« chez nous beaucoup des groupes programmés ne s’enferment pas dans leurs loges avant ou après leurs concerts »
– Comment se passe la programmation ? Vous avez une situation assez enviable, en profitant du début de saison estival avec les festivals ibériques pour attirer des groupes pas toujours évidents à avoir.
Euh… tu sais ce n’est peut-être pas si idéal d’être le même week-end que Primavera Barcelone (puisque c’est de cela que tu parles), d’ailleurs on a été les premiers à faire ce pari et c’est seulement après que (selon les années) d’autres festivals comme We Love Green ou le Yeah se sont calés sur cette période. D’ailleurs cette année, féria de Nîmes oblige, on n’est pas le même week-end que Primavera. Après, bien sûr, la proximité avec Barcelone nous a permis de programmer certains groupes qu’on n’aurait peut-être pas eu dans les mêmes conditions sans cela, mais c’est un élément parmi d’autres. Lors des précédentes éditions on devait avoir entre 15 et 20 groupes en commun, ce qui est significatif, mais ne représente qu’un gros tiers de notre prog. Et puis on est différents de Primavera en terme d’ambiance, par l’aspect taille humaine que tu évoquais, mais aussi la proximité. D’ailleurs chez nous beaucoup des groupes programmés ne s’enferment pas dans leurs loges avant ou après leurs concerts : il y en a souvent qui se dépêchent d’aller se mêler au public pour voir d’autres artistes ! A la limite, c’est ça qui est assez enviable : quand on voit des groupes penchés sur le programme en train de discuter pour savoir quel live ils vont aller voir.
– As-tu le temps de profiter de quelques concerts ? Et du coup, le(s)quel(s) tu ne veux pas louper cette année ?
Un peu oui mais bon, c’est quasi impossible de prévoir à l’avance avec pas mal de petits impératifs pas toujours simples à anticiper. Du coup je ne vise pas forcément un groupe en particulier, j’essaie plutôt de faire en sorte de picorer, voir au moins dix minutes de chaque, même si ça peut être parfois frustrant.
– Ton coup de cœur des années précédentes ?
Ah ah, j’espère que personne ne recoupe mes réponses parce que c’est toujours difficile comme question, et selon le moment ou l’humeur je peux penser à pas mal de concerts différents ! Là disons… Sur 2016, Shellac qu’on était très contents d’avoir et qui en plus venaient conclure le festival, donc un moment où j’étais dispo : tout s’est bien passé, tu commences un peu à te détendre, Albini et ses compères viennent mettre tout le monde d’accord avec un super concert, c’est forcément un bon moment. En 2015 je pourrais citer Divine Comedy : on n’aurait pas forcément imaginé voir Niel Hannon un jour sur une belle scène extérieure quand on a créé le festival, et c’est quand même classe. Et en 2014, encore dans un autre genre, je garde un bon souvenir de Har Mar Superstar qui avait foutu une sacrée ambiance dans le Club !
– Ton coup de blues sur le festival ?
Ca c’est plus simple et sur ce genre de souvenir, je préfère ne pas avoir l’embarras du choix. C’était au réveil, le samedi matin, il y a deux ans. Il y avait eu une espèce de tornade, enfin un très gros coup de vent comme ça peut arriver dans la région, et tout était par terre : la déco, les barrières de sécu, un bazar total… Franchement sur le moment, tu te dis que c’est fichu, qu’il va falloir annuler. Et puis on se ressaisit, on se retrousse les manches, on trouve des solutions, du renfort, et ça finit par passer.
– Le futur du Tinals, tu le vois comment, avec quels groupes rêvés ?
On songe déjà à 2018, on a même déjà commencé à réfléchir sérieusement à une ou deux idées côté artistes, mais bien entendu c’est encore un peu tôt. Et sur la configuration du festival, comme je te le disais, on ne cherche pas à grossir mais on ne se l’interdit pas non plus, ni à faire certaines choses de manière différente, tant que c’est dans l’esprit, dans l’envie. Quant aux groupes je n’ai pas envie de t’en citer un plutôt qu’un autre, d’ailleurs j’espère bien que parmi ceux qu’on sera fiers et excités de vous proposer à l’avenir, il y en a une bonne partie qu’il nous reste à découvrir !
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Un grand merci à Fred d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et à Jean-Philippe Béraud pour le coup de main. Rendez vous dans quelques jours à Nîmes !