Interview : DEPORTIVO

Depuis une dizaine d’années, DEPORTIVO s’est installé plutôt confortablement au sein de la scène rock française. En prenant le choix de chanter quasi exclusivement en français, le groupe s’est peut-être ecarté d’un certaine visibilité mais a su rester parfaitement fidèle aux racines d’un rock à la française, ancré dans les textes et en sans faire aucune concession musicale, que ce soit dans la composition ou dans les rendez-vous avec le public sur scène. Après avoir connu le confort des majors le temps des précédents album, le groupe s’est auto-produit sur le dernier né Domino sorti l’année derniere. Un poids en moins pour retrouver une certaine idée de la liberté sans se soucier des influences qu’on pourrait leur prêter, ni des impératifs commerciaux inévitables.

A l’occasion de leur venue au Café de la danse pour l’Eldorado Music Festival, nous avons pu poser quelques questions à Jérome Coudanne, le chanteur de la formation.

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– Le groupe a fêté ses 10 ans de carrière l’année dernière, peux tu parler un peu votre rencontre et évoquer votre envie de musique a l’époque.

Richard, Julien et moi nous connaissons depuis l’école primaire. On vient d’une ville dortoir de banlieue qui s’appelle Bois d’Arcy, dans les Yvelines. Nous avons toujours traîné ensemble. Nous faisions parti d’une même bande d’amis. Lorsque l’on a pensé à former un groupe, il nous a semblé naturel de le créer ensemble. Dans les deux années qui ont précédé la sortie de notre premier album, nous souhaitions jouer une musique qui s’apparenterait à un mélange entre Manu Chao, Nirvana, Louise Attaque et Miossec. En plus du fait que la musique était pour nous une nécessité, notre envie de monter un groupe émanait aussi d’un besoin de voyager et de rencontrer les gens. 

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– Votre 4ème album est sorti l’année dernière, dans des conditions d’enregistrement plus libre. Ici, on l’aime beaucoup, il semble former une belle de synthèse de votre carrière. Vous avez pris beaucoup de plaisir à le composer ou c’est parfois une phase compliquée ?

Domino a été assez simple à écrire, les idées sont venues naturellement, sans forcer. Le précédent album « Ivres Et Débutants » nous avait ouvert des portes que nous n’avions plus qu’à franchir sur celui-ci. On a enregistré l’album avec Arnaud Bascunana. Il avait enregistré les premières démos du groupe, il y a 12 ans et il a aussi été le producteur de Parmi Eux. C’était très chouette de le retrouver. L’ambiance était très bonne et on a vraiment passé du bon temps à composer et à enregistrer.

– A vous voir sur scène, on trouve une énergie folle, une rage de jouer et de faire participer le public. Comment abordez vous le live ?

La scène est notre terrain de jeu. On s’y amuse. On a plusieurs potes qui nous accompagnent sur scène. Il y a Vincent David qui joue aussi avec Miossec, Cédric Le Roux qui tourne aussi avec Lescop, Loïg Nguyen qui est le chanteur du groupe People Panda et parfois Phillipe Almosnino, le guitariste des Wampas. Ils nous apportent beaucoup humainement et musicalement. Quand l’un d’entre eux n’est pas dispo, l’autre prend le relais. Du coup, notre groupe en live n’est pas figé et ça permet de trouver de la fraîcheur quand la tournée dure longtemps. J’aime l’idée que notre groupe ne se renferme pas sur lui-même. 

– Dans une interview qui date du précédent album, tu parlais de « défendre une cause perdue en faisant du rock chanté en français ».  Sur vos nouveaux morceaux, l’anglais s’est fait une place, qu’est-ce qui vous y a amené ?

Ma femme est anglaise et je parle anglais à la maison. C’est aussi simple que ça. Après, je suis français et ma langue favorite pour l’écriture est le français. C’est juste plus simple d’écrire dans sa langue maternelle. Il me faudrait travailler énormément pour chanter correctement en anglais. Sur une ou deux chansons, c’est envisageable mais sur tout un album, c’est plus compliqué. Dans Domino, les phrases en anglais apparaissent plutôt de manière sporadique. En ce qui concerne, le rock chanté en français, il semble que de nouveaux groupes apparaissent et apportent un souffle nouveau au genre.

Les programmateurs radio n’ont pas compris qu’on n’a plus besoin d’eux pour écouter et découvrir des groupes et des chansons

– La scène rock française actuelle semble riche mais pas forcément médiatisée comme il faudrait. Quel est ton regard dessus ?

Il y a pas mal de groupe qui chantent en français, La femme, Feu! Chaterton, François and the Atlas Mountains etc…   Ces groupes apportent de la fraîcheur et la musique française en a bien besoin. Certains ont même l’adhésion du grand public. C’est plutôt bon signe. En ce qui concerne leur médiatisation, je suis tellement désarmé devant la programmation des clips à la télé ou des chansons à la radio … j’ai l’impression que tous ces programmateurs n’ont pas compris qu’on n’a plus besoin d’eux pour écouter et découvrir des groupes et des chansons. Alors pourquoi ne pas essayer de diffuser des trucs moins vulgaires plus authentiques? Je n’ai pas de réponse à ça, cela dit. 

– Pour en revenir au groupe, comment as tu vécu la sortie de « Domino » ? Sa réception par le public, la tournée?  Vous pensez déjà à la suite ?

La vie d’un album est très courte, aujourd’hui. Aussitôt sorti, aussitôt  oublié. Ou alors, il a un gros succès et tu peux espérer profiter de cette vague un peu plus longtemps. Alors oui, il faut évidemment penser à la suite, assez rapidement. On a quelques chansons qui traînent et je continue à écrire dès que j’ai un peu de temps. En ce qui concerne DOMINO, il a grosso modo été accueilli comme les autres depuis Parmi Eux (2004). C’est à dire que la presse a  plutôt été enthousiaste et les gens viennent aux concerts. 

– Enfin pour finir, qu’est-ce que tu écoutes en ce moment dans la scène actuelle, française ou internationale ?

En ce moment, j’écoute l’album solo de Karen O des Yeah Yeah Yeahs, celui de Rodrigo Amarante et le dernier Miossec. Que des albums solos en fait.

 

Remerciements à Jérôme pour le temps qu’il nous a accordé.

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