Rattraper son retard… C’était a peu près le maître mots de l’auteur de ces lignes plusieurs semaines avant la venue de CYMBALS EAT GUITARS dans la capitale.
Alors certes ils sont encore peu connus en France, et ont un nom bizarre (Emprunté à Lou Reed qui cherchait ses mots pour décrire le son du Velvet Underground), mais c’est encore plus de raisons pour aiguiser un peu notre curiosité, et franchement, il aurait été stupide de passer à côté de ces new-yorkais dont le rock électrique, rempli de finesse, révèle des trésors d’écriture.
Pour décrire le son du groupe, il convient de faire appel aux années 90 et son rock indé. Formés aux alentours de 2007 par son chanteur Joseph D’Agostino, leur premier effort auto produit se nomme « Why there are Mountains » suivi 2 ans plus tard par « Lenses Alien« . 2 albums dans lesquels on découvre leur amour d’un rock progressif, teinté de fulgurances punks, de noise et de shoegaze avec des titres comme « And the Hazy Sea », « Indiana », » Rifle Eyesight » ou « Shore Points« . Leurs chansons ne sont pas vraiment des singles, mais plutôt des sortes de morceaux enflammés, à l’écriture imprévisible qui gardent un emballement constant. C’est avec pas mal de surprise que nous avions alors découvert leur dernier album LOSE, à l’automne dernier. Une production qui allait révéler avec le temps toute la splendeur d’un songwriting appliqué autant que libre dans son expression d’un rock douloureux.
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Ainsi, pour les découvrir sur scène, il fallait s’arrêter au point éphémère en ce froid lundi de janvier. La petite salle n’était pas comble ce soir, mais au public présent, il importait de redonner un peu de couleur et de fougue à ce début d‘année qui en a bien besoin. Un curieux personnage avance sur la scène les yeux bandés par un voile à paillettes sous un chapeau. C’est l’américain BOSCO DELREY qui joue sa petite mise en scène et tombe vite le masque pour dévoiler ses morceaux bizarres, assemblages de beats électro sur lesquels sa guitare rebondit allègrement. Piochant ça et la dans les 60’s, il joue de sa voix de rockeur bluesy pour produire des morceaux bricolés mais dont l’euphorie nous gagne assez vite.
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Après une bonne demi-heure, c’est au tour de CYMBALS EAT GUITARS de s’installer sur la scène. Joseph D’Agostino, planqué sous la capuche de son sweat lance les premières notes de 2 Hip Soul, bouleversante complainte planante qui nous emmène haut jusqu’à son final cathartique. La voix d’eternel adolescent du leader fait tout de suite des merveilles, et on s’emballe sur le single Warning et ses guitares bourrées de reverb. D’Agostino bouffe très vite l’attention, gesticulant tout ce qu’il peux sur la scène, allant parfois percuter ses camarades planqués sur les côtés, il donne autant d’énergie dans la rage de son chant que dans ses riffs de guitare. Le public répond présent sur les anciens titres (Shore Points, Keep me Waiting, Another Tunguska…) comme sur les nouveaux. XR, morceau qui porte le deuil du meilleur ami de D’Agostino, rejoue l’excitation de la jeunesse, pendant que la géniale Jackson ébahie par ses changements de ton dans le chant. « Place Names » reste sous tension constante et « Laramie » viendra conclure le show dans un déferlement de cordes saturées. Le chanteur fini sur les rotules, transpirant ses dernières gouttes de sueur. Le rappel nous prendra aux tripes avec les chœurs de « And the Hazy Sea« , titre qui menace d’imploser a tout moment avant de terminer en solo pour une touchante interprétation de la comptine « Child Bride« .
Alors peu importe la courte durée du concert ou la salle clairsemée, on s’en serait voulu de louper la découverte des new-yorkais. Ils n’auront sans doute jamais leur place en haut des charts mais ont, jusque ici, su nous toucher au plus profond en gardant une liberté d’écriture magnifique autant qu’une sérieuse envie d’en découdre avec les cymbales et les guitares.
Remerciements au Point Ephémère
Photos © Bastien Amelot