SHEARWATER + Cross Record (26/02/16) – Le Point Éphémère

Rendez-vous attendu de longue date, cela faisait un bon moment que l’on n’avait pas croisé la route de SHEARWATER sur scène malgré quelques passages dans la capitale. Le groupe nous ayant, avec ces derniers disques laissé un peu sur notre faim, c’est à la faveur de l’excellent « Jet Plane and Oxbow » tout juste dans les bacs que nous sommes donc retourné les voir motivés comme jamais !

En première partie, le duo texan CROSS RECORD ne paie pas de mine aux premiers abords. Certes, la jeune chanteuse Emilie Cross, au délicat visage poupin, aligne une très jolie voix, mais on feint un peu l’ennui sur le début. Sauf que le duo cache bien son jeu, en jouant d’un set court mais construit tout en montée en puissance. Les premiers titres ressemblent ainsi à des morceaux mélancoliques, assez coulants. Les guitares y sont discrètes, la voix reste posée bien que déjà remplie d’émotion. Et puis au fil des titres, Dan Duszynski, compagnon de la belle, gratte ses cordes avec plus d’aplomb, les fait saturer, ajoute du blues et de la crasse, joue des percussions avec plus de puissance. Et la voix de la chanteuse monte plus haut, devient élastique, se pose comme un contrepoint tout en pureté face à la rugosité des nappes sonores. Résultat : on en ressort scié ! Ces deux la mériteraient un concert à eux seuls. On va les guetter et se jeter sur leur LP « Wabi-Sabi » sorti fin janvier, et on vous conseille d’en faire de même !

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Et puis le noir complet vient. C’est comme ça que SHEARWATER démarrera son set. Dès les premières notes de « Prime », une seule lumière issue de sa main gantée vient éclairer le visage d’un Jonathan Meiburg transfiguré, assurant une intro mystique assez parfaite au concert. Les poteaux éclairants qui servent de décor à la scène s’illuminent alors, prolongeant l’ambiance, faisant la transition vers « Filaments », l’un des sommet de l’album, dont la boucle rythmique du combo basse/batterie semble tout droit sortie de la tête de James Murphy. Puis le band enchaîne avec un « A Long Time Away » énervé à souhait, déployant ses guitares, la puissance de frappe du batteur et la voix toujours aussi immense de Meiburg.
Mine de rien, en tout juste trois titres, SHEARWATER vient déjà de nous mettre une belle claque. Et si le reste du concert prend alors une tournure plus « classique », la performance restera de toute façon dans nos têtes pour un moment. Meiburg anime ainsi a lui seul la soirée, communiquant pas mal entre les titres avec le public, expliquant les sujets de ses chansons, évoquant des anecdotes de vie sur les moments qui l’ont poussé à rester reclus ou au contraire à sortir de la torpeur. En plus d’afficher une sympathie tout à fait sincère, le grand dadais se permet de chanter avec une justesse et une grandeur impeccable. Qu’il soit dans la douceur d’un « Rooks » ou d’un « Stray Light at Cloud Hills », ou bien qu’il joue de sa puissance sur les titres les plus exaltés (« You as you Were », « Pale Kings, Seventy-Four », « Seventy-Five », la parfaite « Radio Silence »…).

Au bout d’une douzaine de titres (quasi intégralement extraits du dernier album), et après que le chanteur ait enfilé des gants projetant des lasers dans toute la salle, les musiciens sortent de scène sous des clameurs plus que méritées. Meiburg fait alors son retour sur scène en évoquant la disparition récente de David Bowie et comment il a durablement été marqué par l’artiste. C’est ainsi qu’il enchaînera deux reprises de son album préféré « Lodger ». Et voir l’américain chanter les hits « D.J. » et « Look back in Anger » a quelque chose de troublant (dans le bon sens) mais aussi d’évident tant les voix des 2 hommes semblaient faites pour se retrouver.
Alors oui, bon c’est vrai, on aurait aussi apprécié un peu plus de titres anciens, à l’image du « Snow Leopard » exalté qui vient clore le set. Mais au vu de l’excellence des musiciens, de la mise en scène dynamique, de la générosité du leader lors de cette soirée, on pardonnera a peu près tout à SHEARWATER. Jonathan, on est déjà prêts pour le prochain round !

Texte et photos © Bastien Amelot pour STBC
Remerciements au Point Ephémère

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