PHIL SELWAY (06/02/15) – La Maroquinerie

Lorsque le membre d’un groupe connu et reconnu de tous fait une embardée solo, on peut se retrouver dans la position de l’indifférence polie ou bien dans la curiosité fanatique. Dans le cas de Radiohead, on commence à avoir l’habitude. Entre les boites à rythmes de Thom Yorke (prodigieuses avec Atoms for Peace, plus inégales en solo), ou les compositions expérimentales de Johnny Greenwood pour le cinéma, Philip Selway, le discret batteur de la formation avait pourtant déjà produit un album solo en 2010 (Familial, suivi de l’EP Running Blind), passé un peu inaperçu…

Le fait est que chez Radiohead, Selway apporte sa précision rythmique impeccable, on était curieux de découvrir de quelle manière le batteur s’écarte de son combo habituel. En bon gardien des instruments « classiques », son premier essai prenait ainsi des allures d’œuvre folk sous influence Nick Drake. L’ensemble nous paraissait trop timide et manquant d’énergie, mais il fallait lui reconnaître cette capacité à composer de beaux morceaux à l’ambiance acoustique et légère. Sur le récent Weatherhouse, on sent en revanche que Selway s’est un peu plus lâché. Et tant pis si certains titres nous rappelle inexorablement le spectre de Radiohead, sa musique a pris de l’ampleur et laisse enfin place à des sonorités plus variées et entraînantes.

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Ainsi, en 1ere partie de son concert, le public de la Maroquinerie découvre Eaves, tout jeune songwriter issu de la scène anglaise. Avec son allure de frangin Hanson bercé à l’indé, il dévoile des chansons folks touchées par la grâce de sa voix. Même si le tout s’effectue dans un silence religieux et manque un peu de relief, on croit reconnaître la beauté brute d’un gamin qui ne demande qu’à s’épanouir.

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Peu après, Phil Selway prendra place derrière le micro, délaissant les instruments au profit de ses 3 musiciens (excepté quelques prises de guitare). En débutant avec le titre Miles Away, l’anglais place habilement l’atmosphère du concert : ambiance vaporeuse, nappes électroniques, rythmiques lancinantes et douce voix perdue dans les échos, on adhère tout de suite ! Par la suite, les musiciens changeront d’instruments à plusieurs reprises, proposant un mélange varié des 2 albums. Les morceaux de Familial, joués le plus souvent à la guitare sèche accompagnée d’une scie ou quelques synthés, sont peut-être ceux qui nous procurent le moins de sensation par leur dénuement (Beyond Reason, All Eyes on You et By some Miracle sortent quand même du lot).

Mais dès que le groupe aborde sont second opus, les rythmiques de batterie sur lesquelles se construisent les mélodies font des merveilles. La basse obsédante sur Around Again, la construction lumineuse de Coming up from Air, la belle montée de Waiting for a Sign, Ghosts qu’on penserait tout droit sortie d’OK Computer, tout ces morceaux montrent à quel point Phil Selway semble avoir assumé et digéré ses obligatoires influences. Et c’est bien ce qui fonctionne le mieux car si les jambes remuent peu, c’est plutôt la tête du public qui ondule lentement mais sûrement, plongée dans cette ambiance intime et flottante.

Et c’est avec toute sa politesse british, son humilité et sa simplicité qu’il saluera une dernière fois le public de La Maroquinerie, visiblement ravi d’avoir réussi à captiver les oreilles avec ses compositions qui méritent bien plus qu’une simple curiosité !

Remerciements à Pias France
Photos © Bastien Amelot

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