LA ROUTE DU ROCK – Vendredi 12 août – St Malo

Nous y voilà. Notre rendez-vous incontournable de l’été, celui qui alimente beaucoup de nos conversations plus tôt dans l’année, au fur et à mesure que sa programmation se dévoile, et qui reste notre référence absolue en matière de festival rock indé. Le passage estival par Saint-Malo est devenu depuis quelques années un rituel, une quasi obligation morale pour les amateurs de musique que nous sommes, l’événement à couvrir absolument pour notre petite entreprise de cercles noirs.
LA ROUTE DU ROCK c’est avant tout une programmation d’une cohérence indiscutable ; peu importe l’intérêt que l’on porte à tel ou tel groupe à l’affiche ou que la place aux musiques électroniques soit devenue immuable. A ce sujet, François Floret, directeur et fondateur du festival, a récemment précisé que le nom « La route du rock » ne correspond pas à ce que représente réellement l’événement. On vient au Fort de Saint-Père pour écouter et défendre la musique indé, le ‘indie way of life’ : qu’elle soit rock, pop voire électronique. On adhère.
LA ROUTE DU ROCK c’est aussi un lieu, une histoire, un esprit, qui dépassent le seul cadre du rassemblement musical. On prend son pass à l’avance, peu importe la prog’ (de toute façon on sera jamais vraiment déçu), on y retrouve des potes, on y croise des têtes devenues familières avec les années, on s’approprie durant trois ou quatre jours un petit bout de cette Bretagne au charme intemporel. Si cette année les programmateurs n’ont pas attiré un gros nom en guise de tête de gondole, la montée en puissance de la prog’ sur les trois jours nous excitait pas mal, on était prêt.

Arrivés sur les lieux juste avant le premier concert, on se ré-approprie rapidement l’endroit en quelques regards. C’est PSYCHIC ILLS qui ouvrent sur la scène des remparts devant un public assez clairsemé. Après avoir été relativement déçus par leur performance au dernier Paris psyché festival en juin, nous avions envie de croire que le groupe new-yorkais pourrait retourner la tendance dans le contexte malouin. Ce ne fut pas vraiment le cas ; même si leurs complaintes psychédéliques restent relativement agréables à écouter, il ne se passe tellement rien que l’on tombe rapidement dans une sorte d’indifférence. On va continuer à faire tourner le titre « I Don’t Mind » en duo avec Hope Sandoval et définitivement oublier sa version live, où la seule voix de Tres Warren ne suffit pas.

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Notre esprit est donc vite happé par la suite, surtout lorsqu’il s’agit de l’un des concerts qu’on attend le plus sur cette première journée : KEVIN MORBY. Si tu nous suis de manière régulière, tu sais à quel point on porte le songwriter dans notre cœur. Son troisième album « Singing Saw » va forcément finir sur le podium en fin d’année et son dernier passage par La Maroquinerie au printemps (voir ici) avait bien confirmé le talent du bonhomme. C’est donc sans surprise que l’on se laisse emporter par le répertoire folk du texan en totale harmonie avec le soleil tombant derrière les remparts du fort. Du tube « All Of My Life » au récent single « I Have Been To The Mountain », en passant par l’indispensable « Harlem River », KEVIN MORBY étale son talent avec des chansons lumineuses d’une simplicité déconcertante. Notre festival démarre véritablement pendant le set d’un artiste que l’on chérit un peu plus que les autres, et avec qui de nouveaux rendez-vous se profilent bientôt (Rock en Seine et le Trabendo le 11 novembre). On y sera !

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Le temps d’une pause de quarante-cinq minutes et d’une désaltération dans les règles, BELLE AND SEBASTIAN s’empare de la grande scène. Si on comprend et respecte l’engouement autour du groupe écossais aux vingt ans de carrière, on va avoir beaucoup de mal à rentrer dans leur concert. Leur pop enjôleuse, identité-même du groupe, s’éloigne un peu trop de nos velléités rock. Force est tout de même de reconnaître que l’ensemble est parfaitement exécuté, et que le frontman Stuart Murdoch semble très à l’aise dans son rôle de maître de cérémonie, faisant monter sur scène plusieurs festivaliers en fin de concert pour clore un set festif ; l’influence electro/disco du dernier album donnant un coup de peps à une bonne heure de concert.

Il fait à présent nuit sur Saint-Père et le premier groupe à sonorités électroniques de la soirée, HAELOS, investit les lieux. On passera rapidement le jeune groupe protégé de Beggars. Ça lorgne du côté de THE XX et du trip-hop sans en avoir la vraie saveur, si les premiers titres font illusion au départ, le set nous laisse globalement indifférents. On en profite pour parler ping-pong avec l’équipe du Point Ephémère, presque au grand complet, et croiser d’autres têtes parisiennes familières.

MINOR VICTORIES, super band réunissant des membres de SLOWDIVE (chant), MOGWAI (guitare) et EDITORS (basse), méritait toute notre attention en live après la sortie d’un premier album convaincant. Ce passage par Saint-Malo, qui constitue leur première date sur le sol français, a été globalement bon. Sans surprise néanmoins, ça maîtrise sévère du côté des musiciens et on retrouve la patte de chaque membre et de leurs groupes respectifs. Guitares saturées et envolées sonores tranchantes, nappes synthétiques et univers sombre. Malgré tout, on peine un peu à totalement se laisser aller, des chansons parfois un peu difficiles d’accès rendent le groupe un brin austère. Mais le talent de chaque personne présente sur scène suffit à lui seul à nous faire passer réellement un bon moment.

Nouveau break de trois quarts d’heure pour nous emmener vers le virage totalement électronique de la soirée. Après ce break, tout reposait sur PANTHA DU PRINCE. Si on ne rentrait pas dans son set, il nous serait difficile de terminer une soirée axée sur des sonorités electro. Et comme on pouvait le penser, le minimalisme de la musique du berlinois, aussi précise soit-elle, nous amène doucement à regagner la sortie.

On savait que cette première journée nous réserverait de bons moments mais qu’elle serait qu’une mise en bouche pour les deux suivantes, davantage excitantes sur le papier. Le lendemain nous donnera raison…

Photos © Bastien Amelot pour STBC
Texte M.A pour STBC

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